28 avril 2025 par Caroline Ansart
Thèmes : Actus
Karine Da Silva, présidente fondatrice de Georges, maille la France de ses blanchisseries industrielles écologiques — Photo : Georges
La PME bordelaise Georges s’apprête à ouvrir ses 8e et 9e blanchisseries industrielles, à Lille et Rouen, d’ici l’été. Elle achève aussi sa première implantation chez un client dans l’Hérault. Basée sur une technologie économe en eau, elle conforte sa stratégie : ne se déployer qu’une fois la clientèle acquise et lancer un nouveau local en six mois.
"Des blanchisseries industrielles, il y en a d’autres, sans parler des pressings. Mais des blanchisseries nationalement implantées spécialisées dans les vêtements industriels pour les grands comptes et avec des pratiques environnementales comme les nôtres, non", résume Karine Da Silva, fondatrice et présidente de Georges. C’est probablement une des raisons de son succès. Cette année plus que jamais depuis sa création en 2017, l’entreprise basée à Bassens près de Bordeaux multiplie ses adresses.
Georges (150 salariés, 10 M€ de CA en 2024, 12 M€ attendus en 2025) ouvre deux blanchisseries à Rouen (Seine-Maritime) fin mai et Lille (Nord) fin juillet qui s’ajouteront à celles de Gironde, Vaucluse, Isère, Île-de-France, Ille-et-Vilaine et Meurthe-et-Moselle. Elles utiliseront la même technologie britannique brevetée dont Georges a une exploitation exclusive dans son domaine : des microbilles qui permettent d’économiser 80 % d’eau par rapport à une blanchisserie industrielle classique ou un lavage maison.
"Nos sites sont montables en six mois en partant de zéro. Nous maîtrisons la recette."
Karine Da Silva, fondatrice et présidente de Georges
Fidèle à sa stratégie, Karine Da Silva s’est d’abord assurée d’avoir des clients. "On gagne les contrats et ensuite on monte les sites." En janvier, la PME a remporté le marché national de Renault pour toutes ses usines. Le constructeur automobile en possède quatre rien que dans le Nord. Le site de Lille assurera donc le lavage des vêtements des usines locales de Renault ainsi que d’autres industriels à 250 km à la ronde, un rayon d’action moyen. "Lille va nous permettre de décharger l’Île-de-France, pour y monter en puissance", explique la présidente.
500 000
C’est, en euros, le coût moyen d’une nouvelle blanchisserie.
Pour ce nouveau client, George vient aussi d’ouvrir un dressing à Sandouville (Seine-Maritime) avec une "Georgette" à demeure chargée de distribuer les uniformes, les échanger, les réparer, etc. Un service déjà expérimenté pour Air France à Roissy depuis 2018.
Un modèle maîtrisé
Pour déployer ses blanchisseries, Georges n’a pas peur de l’urgence. "Nos sites sont montables en six mois en partant de zéro : trouver le lieu (1 000 à 1200 m2), réaliser les travaux — il y en a toujours au point que nous avons internalisé un architecte — et l’équiper. Une blanchisserie plurisites nécessite environ 500 000 euros. Nous maîtrisons la recette. Quelles que soient les matières — du cashmere aux vêtements souillés par de la suie ou du plomb — ce sont les mêmes machines, les mêmes process, avec décontamination, lavage, séchage et contrôle."
Au cœur des pompiers de l’Hérault
En parallèle, Georges achève sa première implantation sur le site d’un client, en l’occurrence au sein du nouveau centre de formation des pompiers de l’Hérault, dans lequel elle traitera toutes les tenues des pompiers du département. "Pour être viable, un site en propre nécessite environ 4 000 vêtements par semaine", détaille Karine Da Silva.
Un avant et un après Notre-Dame de Paris
Georges doit une partie de son accélération à un coup de projecteur hors norme, offert par Notre-Dame de Paris. Quand Georges remporte le premier appel d’offres suite à l’incendie en 2019, c’était pour six mois. "Cela va faire six ans, sourit Karine Da Silva. On y est encore et on attend le prochain appel d’offres pour trois ans. C’est clair qu’il y a un avant et un après Notre-Dame. Cela nous a ouvert les portes de Paris intra-muros." George y a bénéficié d’un marché regroupé pour l’ensemble des entreprises en raison de la présence de plomb. "On a géré jusqu’à 150 entreprises. En termes de traçabilité, il faut être organisé !"
Zéro impact pour 2030
Karine Da Silva et son équipe poursuivent un but : abaisser la facture énergétique du textile. L’entreprise projette de construire une blanchisserie zéro impact, dans un bâtiment passif, en réutilisant ses eaux de rejet traitées dans sa propre station d’épuration. C’est l’objectif pour 2030, ainsi que le 100 % électrique pour la flotte de camions. Cette année, Georges investit 1 million d’euros pour changer 10 de ses 50 véhicules. La PME mise aussi sur l’innovation en général ; 10 % de ses salariés y sont dédiés. "Je suis entrepreneur plus que chef d’entreprise", analyse Karine Da Silva, l’ancienne designer qui conserve intacte sa créativité et sa quête de nouveauté.